hands as…
Why hands and why now? Can we learn from them? What do they say about our psyches? These questions are the starting point for the new series ‘Hands as…’ by Christina Foitou.
Foitou’s artistic trajectory has been characterised by the quest to uncover the marvels of the body in an artistic language that balances figuration with abstraction. And this series is no exception. The title and the eponymous exhibition ‘Itinerant Fragments’ suggest what we are to expect: a new series of paintings that celebrate the body in its fragmented state.
In Foitou’s works, the research of corporeal expressions is the underlying foundation of creation. However, the journey never settles on a standard visual vocabulary; the evolution of the work is to be found both in the literal sense, in the body fragments ‘travelling’ from one situation to the next, and in the artist’s career that is marked by a constant exploration of new painting techniques and subject matters. Foitou is an artist constantly pushing the boundaries of her comfort zone, while scrutinising every theme before jumping in on the action.
Why hands? Hands hold an immense power of expression, of language, of identity. They can display a wide range of emotions, fears, vulnerabilities and thoughts. While hands have occupied a place in art history since Cave painting, Foitou claims her fair share in the tradition by introducing a contemporary way of thinking about them, not as religious symbols or ritual signatures, but rather as entities on their own. In previous series, the artist explored the body as an abstract dancing figure, a dynamic display of the soul. Her last exhibition ‘From One Body to Another’, took a feminist perspective, focusing on traumas that society ‘carves‘ on female bodies. In ‘Itinerant Fragments’ the concept moves to single hands and their gestures, thus paving the way to a new interpretation of these organs; no longer as functional tools or political agents but as autonomous organisms of meaning-making.
Every picture boasts a representative title like ‘Hands as… Smoker’ or ‘Hands as… Quest’, making each pair a protagonist in its own right in the big show set up on the canvas. As diverse as they might be, the works are connected by an invisible conceptual thread that emphasises the relationship of human and nature.
The artist is fascinated by the hands’ ability to communicate in a non-verbal language, a trait shared by blooming flowers. The flowers represent the innate power of expression and the love for life. Like the hands, they pose beautifully without realising the majestic attraction they exert on the viewer. They lure us into a journey of senses that invites us to smell, touch and taste the different seasons and travel to a world of colours and memories. Do flowers actually know the power they possess to seduce us, the ability they have to transform our life? Do we acknowledge their symbolic – almost mythical - importance? The dialogue is balanced; in some pictures, like ‘Hands as… Offering’ or ‘Hands as… Elevation’, the hands take the lead role. In others, like ‘Hands as… Engagement’ or ‘Hands as… Abundance’, the show is guided by the flowers. Foitou offers them the chance to get to know each other and like shy lovers, admit their mutual affection. The works go beyond a mere depiction of joy and become manifestations of positive energy where man and nature unite.
Foitou removes distractions of prolific scenes and effusive narratives and concentrates on retracing the emotions hidden in the gestures, illustrated by the multi-layered shadings, detailed brush strokes and colour contrasts. There are no faces or buildings, and thus the artist frees us from the need to recognise scenes and apply conventional readings.
Everything is open, but still, each painting adopts a different disposition, mood and urge which can only be discovered by the viewer's detailed observation. The artist’s language remains concrete, the work identifiable and the style recognisable.
In today’s digital world of self-optimisation, where one has managed to tame the face, control its expressions and conceal its imperfections, Foitou has found an unexpected way to restore this imbalance. This is what makes her work so truly liberating.
Text by Vanessa Souli
mains comme...
Les mains. Pourquoi cette thématique ? Et pourquoi maintenant ? Qu’est-ce que les mains peuvent nous apprendre? Sur nous-mêmes, sur notre psychisme ? Ce questionnement sera le point de départ de la nouvelle série d’œuvres de Christina Foitou intitulée Mains comme…
Le parcours artistique de Foitou est caractérisé par l’exploration du corps humain dans tous ces états, à travers un langage artistique qui veut s’équilibrer entre la figuration et l’abstraction. Et cette série ne saurait pas faire exception à ce processus. Car, tant son titre, Fragments itinérants, que l’exposition éponyme suggèrent exactement ce à quoi il faut s’attendre : une nouvelle série de tableaux qui chantent le corps, mais un corps fragmenté.
Dans l’œuvre de Foitou, toute création se base sur la recherche d’expressions corporelles. Néanmoins, le trajet proposé ne s’arrête jamais à un simple vocabulaire visuel. Son œuvre évolue et cette évolution on la retrouve tant dans le sens littéral du titre, des fragments du corps qui « se déplacent » d’un état à un autre, que dans le parcours général de l’artiste-peintre, un parcours caractérisé par la recherche permanente de nouvelles techniques et thématiques picturales. Car Foitou fait partie de ces artistes qui veulent sortir de leur zone de confort, et explorer minutieusement une thématique avant de passer à l’action.
Et les mains ? Les mains sont dotées d’un immense pouvoir d’expression, de langage, d’identité. Elles peuvent nous dévoiler un grand éventail d’émotions, de peurs, de vulnérabilités et de pensées. Symboles religieux, signatures de rituels ou entités à part entière, les mains occupent, depuis la Préhistoire, une place importante dans l’histoire de l’art, et Foitou vient s’inscrire dans cette longue lignée en introduisant une approche contemporaine d’envisager les mains comme organismes autonomes en interaction avec la nature.
Dans des séries précédentes, l’artiste-peintre avait exploré le corps en tant que figure abstraite de danse, partie dynamique de notre propre psychisme. Sa dernière exposition intitulée « D’un corps à l’autre », dans une nouvelle approche féministe, elle focalisait sur les traumatismes que la société laisse sur le corps féminin. En proposant maintenant une « itinérance » représentant des mains et des gestes, Foitou nous mène à une nouvelle interprétation de ces fragments du corps qui ne sont plus vus comme des simples outils ou des symboles politiques, mais comme des organismes à part entière, propres à créer du sens.
Chaque tableau porte un titre significatif : « Mains comme… Fumeur », « Mains comme… Quête » faisant ainsi de chaque paire le protagoniste de la scène qui se déroule sur le canevas. Dans leur diversité, ces œuvres sont liées par un fil conceptuel invisible qui met en avant la relation entre l’être humain et la nature.
L’artiste-peintre se laisse fasciner par l’habileté des mains à communiquer dans un langage non-verbal, caractéristique qu’elles partagent avec les fleurs fleuries omniprésentes. Ces fleurs qui représentent le pouvoir absolu d’expression et l’amour de la vie. Tout comme les mains, ces fleurs posent dans toute leur beauté sans se rendre compte du charme majestueux qu’elles exercent sur le spectateur. Elles nous invitent à un voyage plein de sensations nous amenant à sentir, toucher et déguster les différentes époques mais aussi à voyager dans un monde de couleurs et de souvenirs. Sont-elles conscientes, ces fleurs, du pouvoir qu’elles ont à nous charmer, de leur capacité à transformer notre vie ? Et nous, sommes-nous capables de reconnaître leur signification presque mythique ? Il s’agit chaque fois d’un dialogue très équilibré : dans « Mains comme… Offre », ou « Mains comme… Elévation », par exemple, ce sont les mains qui jouent le rôle principal. Alors que dans d’autres tableaux tels que « Mains comme… Engagement » ou « Mains comme… Abondance », la scène est menée par les fleurs. Et chaque fois, Foitou leur offre l’occasion de se connaître et, tels des amants timides, d’accepter leur amour mutuel. On pourrait ainsi dire que toutes ces œuvres constituent une expression d’énergie positive où l’être humain et la nature s’unissent.
Dans ces œuvres, Foitou écarte toute distraction provenant de scènes prolifiques et de récits abondants pour se concentrer sur la représentation des émotions dissimulées dans les gestes, traduites par les multiples couches d’ombrage, par les coups de pinceaux plus détaillés et par le contraste de couleurs. L’absence de visages et de bâtiments permet aussi à l’artiste de nous épargner le besoin de reconnaître des scènes précises et de formuler toute interprétation conventionnelle.
Tout est ouvert, et encore chaque tableau propose une disposition, une humeur et une envie différentes que le spectateur ne saura découvrir qu’après une observation minutieuse. Le langage artistique, quant à lui, reste concret et le style de l’artiste est reconnaissable.
Dans le monde actuel du numérique et de l’auto-optimisation, où on a réussi à apprivoiser le visage, à contrôler ses expressions et à dissimuler ses imperfections, Foitou a trouvé un moyen inédit de rétablir ce déséquilibre. Et c’est ce qui rend son œuvre si émancipatrice.